Migré: présentation de la commune

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Une origine ancienne

Des objets et des traces d’habitats, principalement de l’époque gallo-romaine, ont été mis au jour sur différents endroits de la commune, ce qui atteste d’une occupation du territoire à cette époque. Dans le bourg, sur l’actuelle place de la mairie, il a été découvert une cavité correspondant peut-être à un souterrain. Au lieu-dit la Laigne, une construction à usage d’adduction d’eau a été découverte. Au Moulin de la Tanière et à la Fontaine de l’Aubarée, ce sont des habitats gallo-romains qui ont été mis au jour ; des débris de briques et de mosaïques ont par exemple été découverts au moulin de la Tanière.

D’autres vestiges, cette fois de l’époque médiévale, ont également été retrouvés sur la commune, comme par exemple une ancienne chapelle située au lieu-dit la Fourche. Un dernier élément, qui n’a pas pu être daté, a été découvert au Moulin de Migré, il s’agit d’un aménagement de berge.

L’origine du nom de Migré demeure obscure si bien que deux interprétations sont émises. Certains étymologistes y voient une origine liée à l’implantation d’un grand domaine agricole qui aurait appartenu à un riche propriétaire gallo-romain, du nom de Macrius. Selon d’autres historiens, ce nom proviendrait de Migy, signifiant territoire de Mercure, suite à l’implantation des Romains dans ces lieux. Migré était alors située aux abords immédiats de la Sylve d’Argenson. Cette immense forêt, qui séparait le Poitou de la Saintonge, a été progressivement défrichée au fil des siècles. Cette « sylve » comprenait les forêts d’Aulnay, de Chizé, de Fontaine-Chalendray, etc.

Après l’effondrement de l’empire romain et les tourments des siècles suivants, Migré renaît à l’époque médiévale et se dote, comme la plupart des paroisses, d’une église. Celle-ci, dédiée à saint Benoit, remonterait au 12e siècle, mais elle a été reconstruite au 14e ou 15e siècle. Au Moyen Age, la terre de Migré semble se confondre avec celle de Surgères et il faut attendre le 15e siècle pour retracer son histoire. Après la mort sans héritier mâle d’Antoine de Clermont, elle revient à sa sœur Marie, mariée en 1438 avec Guillaume de Cousdun. Vendue par les cousdun avant 1519, la seigneurie passe aux mains des Bonaventure de Polignac. Au 16e siècle, elle est vendue à la famille de Brémond d’Ars, puis au 17e siècle elle échoit à la famille d’Abzac, qui est responsable de la construction du château vers 1660 et dont la lignée gardera le domaine jusqu’à la Révolution. Saisi comme bien national, le château est ensuite vendu en l’an II (1793) à un particulier.

Deux autres seigneuries sont attestées au Moyen Age, la Ferrière et la Tannière. Il ne subsiste rien de la Ferrière, en revanche une maison de maître a été bâtie à la Tannière au 18e siècle, transformée en ferme dans le courant du 19e siècle.

Dans une notice sur la commune de Migré, rédigée en 1865 par Auguste Baril et Adolphe Vinet, conseillers municipaux, il est fait mention de la présence d’une maison de protestants, à l’est du bourg. Il s’agissait d’une ancienne construction d’architecture gothique paraissant remonter au 13e siècle. Ce serait les restes d’un ancien couvent, si l’on en juge les vestiges d’une chapelle et la disposition des fenêtres conservées sur le corps du logis principal. Ce monument aurait été ruiné pendant les Guerres de Religion, car on rapporte qu’il était habité par des protestants qui avaient leur cimetière à 100 mètres environ au nord de l’habitation.

Migré aux 19e et 20e siècles

Au cours du 19e siècle, la commune sort de son isolement avec la construction de ponts entre 1848 et 1866. Le premier est édifié au Moulin de Migré, ensuite vient ceux du bourg, puis celui de la Flamancherie, construit sur le ruisseau de Tournay.

En 1862, la foudre s’abat sur l’église, détruisant le clocher et entraînant la destruction d’une grande partie de l’édifice. Il est réparé et le clocher est reconstruit dans un style néo-gothique.

Toujours en 1862, le presbytère de Migré, très humide, mal aéré et sur le point de tomber en ruines, a besoin de réparations urgentes. Par une délibération de novembre de la même année, le conseil municipal reconnaît cet état de fait et décide sa reconstruction, mais la commune n’a pas les moyens d’assurer les travaux. Le curé de l’époque propose alors de prendre à sa seule charge cette reconstruction. Le chantier semble débuter en 1862, puisqu’à cette date le curé touchait une indemnité de logement de la part de la commune.

En 1865, la commune ne possède toujours pas de maison d’école, mais il existe un projet d’acquisition d'une ferme. Un agrandissement, avec la construction de salles de classe, est réalisé par l’architecte angérien Aimé Bonnet dans le dernier quart du 19e siècle. En 1875 le cimetière situé près de l'église est translaté à l'extérieur du bourg.

Au 19e siècle, une de ressources de Migré est l’activité céréalière, avec notamment la culture du froment, de l’avoine et du maïs. Un moulin à blé fonctionne d'ailleurs au moins jusqu'en 1866 à Sautreau. Mais le principal revenu des habitants provient de la culture de la vigne, avec la production de plusieurs cépages. Une partie des vins rouges est destinée à la consommation personnelle des récoltants et l’autre est livrée au commerce. Les vins blancs sont, quant à eux, généralement convertis en eaux-de-vie de cognac. Preuve que la production d’eaux-de-vie était une des activités phare de la commune, Migré compte à cette époque 22 distilleries : 14 appartenaient à des propriétaires qui s’en servaient pour la distillation des vins provenant de leurs récoltes, 6 appartenaient à des propriétaires patentés fabricants d’eaux-de-vie et enfin 2 qui appartenaient à des propriétaires ayant une licence et qui étaient louées à des personnes voulant convertir leurs récoltes en eaux-de-vie. Mais à partir de 1875, le phylloxéra ravage le vignoble de la commune. C’est à partir de cette période que la population de la commune décroit, d'environ 800 habitants en 1876 à 580 en 1891.

C’est aussi à cette même période que les vignes ont été remplacées par des prairies artificielles pour l’élevage laitier introduit par les Vendéens à la fin du 19e siècle. Ce revirement d’activité a entraîné la création de la laiterie coopérative. Située à l’extrémité nord-ouest du bourg, elle a été implantée en 1892, mais les bâtiments de l’usine pour la production laitière et la fabrication du fromage ont été construits en 1908. Dans le courant du 20e siècle, grâce à l’essor de l’élevage laitier, la laiterie coopérative accroît ses activités en produisant du beurre et de la caséine. Elle cesse son activité en 1966 et les bâtiments, laissés à l’abandon, sont rachetés par un particulier et transformés en maison d’habitation.

Un exode rural inévitable

Comme beaucoup de communes du territoire, Migré n’a pas échappé à l’exode rural qui s’est opéré depuis la fin du 19e siècle, période où le phylloxéra a fait son apparition. Cet exode a surtout touché la génération d’après-guerre : en 1946 la commune comptait 630 habitants, en 1954 il n’y en avait plus que 500 et, 480 en 1968. Cependant, à partir des années 1990, la population reste stable avec une moyenne de 330 habitants. Ce phénomène s’explique par le fait qu’une population de retraités s'est installée et que des personnes travaillant en ville sont revenus aussi habiter à la campagne. Cette légère augmentation est également due à l'installation récente de plusieurs familles d'origine britannique, résultant d'un vaste mouvement d'immigration en terres charentaises.

La commune de Migré se situe dans la région Nouvelle-Aquitaine, dans le département de la Charente-Maritime et plus précisément dans la partie nord du territoire des Vals de Saintonge. Elle est limitrophe avec les communes de Doeuil-sur-le-Mignon au nord, Courant et Lozay au sud, Saint-Félix et Bernay-Saint-Martin à l’ouest et Villeneuve la Comtesse et Vergné à l’est. d’une superficie de 1 430 hectares, elle comprend, en plus du bourg, 10 hameaux et lieux-dits qui sont la Flamancherie, les Tanières, la Cavaterie, la Ferrière, Sautreau, Thouars, les Chaumes, la Poulières, la Dorlière et le Moulin de Migré.

Située à 17 kilomètres du chef-lieu d’arrondissement, Saint-Jean d’Angély, la commune est traversée par la route départementale 115 de Dampierre sur Boutonne à Surgères. Celle-ci traverse le territoire selon un axe est-ouest. D’autres routes secondaires assurent une desserte assez efficace sur l’ensemble de la commune. Ces axes routiers permettent aux habitants de Migré de rejoindre aisément des pôles urbains d’intérêt local et régional. Si-Saint-Jean-d’Angély est le pôle de référence en matière d’organisation administrative, la commune de Loulay, placée à environ 7 kilomètres, offre aussi la présence de services et de commerces.

L’évolution urbaine du bourg

Le bourg de Migré est associé à une organisation dite réticulaire, c’est-à-dire que son développement s’est fait à partir d’un îlot originel marqué par la présence de l’église. Les autres constructions se sont établies par îlots rayonnant autour du pôle central. L’actuelle rue Victor Hugo, qui traverse le bourg en son centre, en constitue l’ossature urbaine.

Les voies sont peu hiérarchisées et souvent sinueuses, ce qui donne un effet de densité du bâti. Cette densité est accentuée par la continuité des constructions sur les rues augmentant visuellement l'étroitesse de celles-ci, qui sont d’un gabarit relativement homogène. Les accès aux parcelles se font en direct ou bien par l’intermédiaire de petites impasses.

Le bâti est implanté soit en alignement des rues, soit en retrait sur cour. Les bâtiments les plus importants sont implantés à la perpendiculaire des voies ; dans la plupart des cas, ils sont élevés sur un niveau, plus rarement sur deux.

L’extension du bourg s’est faite principalement au nord, sous la forme d’un lotissement communal de pavillons individuels et semi-collectifs. Le bourg et les principaux hameaux ont aussi vu se développer, sur leurs marges, des constructions isolées de pavillons et de bâtiments liés à l’activité agricole.

L’activité économique de Migré

L’activité agricole occupe une place essentielle dans la vie économique de la commune. Sur les 1 430 hectares qui composent Migré, 91 % sont dédiées à l’agriculture. Au fil des années, une modification de l’agriculture s’est faite sentir, la polyculture et l’élevage ont évolué vers la production de céréales.

Outre l’activité agricole, on trouve à Migré différentes activités économiques dans les domaines de la construction, des services, du commerce et de l’industrie. Ces entreprises sont généralement de petite taille, elles emploient de zéro à neuf salariés. En ce qui concerne le commerce, il s’agit de commerces itinérants réalisant des tournée hebdomadaires, tant dans le bourg que dans les hameaux. Les équipements touristiques et de loisirs sont assez présents, une ferme équestre, deux chambres d’hôtes, un site de pêche et un restaurant au Moulin de Migré, sont répartis sur la commune.

La commune ne compte pas d’école, les enfants scolarisés sont envoyés à Bernay-Saint-Martin pour le primaire, à Loulay pour le collège et à Saint-Jean-d’Angély pour le lycée. La commune dispose toutefois d’une bibliothèque municipale, d’une salle des fêtes, d’équipements sportifs et d’une aire de jeux installée derrière la mairie.

Les entités paysagères de la commune

Les terres cultivées représentent plus de la moitié de surface du territoire, plus d’un tiers est occupé par des prairies et une petite surface comprend des boisements et des milieux semi-naturels.

Parmi le 13 régions naturelles définies par l’Inventaire Forestier National, la commune appartient à celle des groies. Cette région regroupe essentiellement des formations boisées en taillis (peuplement forestier composé d’arbres issus de rejet de souches). Des boisements éparses ponctuent le territoire communal, notamment aux abords des zones d’habitat et dans les zones basses.

Migré est largement irriguée par des cours d’eau permanents ou intermittents. Outre la rivière la Trézence, de nombreuses zones humides jalonnent le territoire communal. Ces zones humides induisent la présence d’une faune et d’une flore variées. La présence des mares et d’étangs induit également une faune et une flore variées.

Selon l’Atlas Régional des Paysages du Conservatoire des Paysages de Poitou-Charente, le territoire du Migré appartient à l’entité paysagère de la Plaine du Nord de la Saintonge. Elle offre des espaces vastes et simples, où la culture généralisée du sol offre des paysages presque sans obstacle. Le moindre objet se remarque de loin, clocher, silo, château d’eau, alignement d’arbres ; dans ce contexte, les éoliennes de la vallée de la Foye se voient à grande distance.

Malgré l’apparence d’une structuration nette, le paysage peut cependant paraître plus complexe. Le paysage de Migré s’organise en quatre entités qui sont, les paysages ouverts, les paysages de fond de vallée, les paysages urbains et les paysages semi-cloisonnés ou fermés.

Les paysages ouverts se caractérisent par des terrains occupés par de grandes cultures pratiquées sur de vastes champs. Les boisements sont peut présents et se limitent à quelques haies ou arbres isolés. On retrouve ces paysages sur une importante partie du territoire, ils sont générés par l’agriculture intensive, ne laissant que peut de place aux éléments naturels.

Les paysages de fond de vallée sont associés à une typologie bien spécifique, présence de prairies, de boisements et de haies. Ces espaces semi-naturels sous-tendent une richesse faunistique et floristique indéniable.

À l’échelle de la commune, les zones d’habitats sont dispersés. Leurs formes urbaines préservées permet aujourd’hui d’apprécier des paysages associant bâtis anciens et boisements. En outre, la concentration du bâti, associée à la végétation, met ces zones en contraste avec les grandes cultures qui les entourent.

Les paysages semi-cloisonnés ou fermés sont caractérisés par des zones de transition entre les espaces habités et les plaines cultivées. L’élevage, encore présent sur certains secteurs de la commune, a préservé des paysages de bocages, associant linéaires de haies et de prairies.

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